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L’historique : des hommes, des voies, nos choix…

Histoire de la prothèse totale de hanche intimement liée à la voie antérieure

La première prothèse totale de hanche a été posée par deux chirurgiens français, les frères Judet (Robert et Jean). L’histoire retient la date du 7 mai 1947.

Ils pratiquaient leur intervention par la voie antérieure de Hueter ou de Smith Petersen. Cette voie d’abord avait l’avantage de permettre un accès à la hanche sans section musculaire et est considérée encore aujourd’hui comme la plus antomique.

Cette voie était séduisante mais difficile à réaliser. Les frères Judet aidés de leur assistant le professeur Emile Letournel vont améliorer progressivement la technique.

L’esprit d’invention des frères Judet va encore frapper par l’élaboration d’une table orthopédique facilitant la voie d’abord antérieure.

La technique va progresser grâce à leurs successeurs, le professeur Thierry Judet et le Dr Marc Siguier. Chacun va apporter sa touche (standardisation de la technique, mini voie antérieure…).

Néanmoins la voie d’abord antérieure est difficile à réaliser. Il existe trop peu d’école formant à cette voie. Les fabriquants de tables orthopédiques dites « de  Judet » déposent le bilan.  Elle est quasiment en voie d’extinction à la fin des années 80.

Le renouveau survient grâce aux successeurs français et américains. Les publications de Thierry Siguier (le fils de Marc) et de Joël Matta (élève américain du Pr Letournel)  vont relancer l’intérêt des chirurgiens pour cette voie d’abord. L’ingéniosité du Dr Laude (élève parisien du Dr Emile Letournel) va également contribuer à son essor : simplification de la technique par l’utilisation d’instruments dédiés, simplification de l’utilisation de la table. Bref, la meilleure compréhension de l’anatomie de la hanche va faciliter l’exportation de cette technique en France, en Europe et dans le monde.

Aujourd’hui 15% au moins des prothèses de hanche sont posées par cette technique. Le nombre croissant de publications concernant la voie antérieure traduit l’engouement pour cette technique.

 

L’histoire de la prothèse de hanche au travers des autres voies d’abord

La trochantérotomie est une voie d’abord ne sectionnant pas les muscles mais nécessitant une section de l’os (trochanter) sur lequel ils sont fixés. Après la mise en place de la prothèse, il faut refixer le trochanter au moyen de fils d’acier. Cette technique a été utilisée pour la première fois dans les années 50 par le Professeur Charnley éminent chirurgien anglais (anobli par la reine). Sir John Charnley est l’inventeur du premier couple de frottement ayant donné de bons résultats à long terme : le métal-polyéthylène. Il a également déterminé le diamètre que devait avoir la tête prothétique en métal pour user le moins possible la cupule en plastique cimentée dans le cotyle (22,2mm pour les curieux). Les chirurgiens orthopédistes enthousiasmés par ses résultats ont adopté sa prothèse et sa technique (la trochantérotomie). En France Le professeur Marcel Kerboull va corriger certains défauts de la prothèse de Charnley et populariser la trochantérotomie. On l’a longtemps appelée la « voie royale de la prothèse » car elle donne un jour exceptionnel sur la hanche. Les difficultés de réinsertion du trochanter ainsi que la nécessité d’un appui partiel pendant 45 jours font qu’elle est de moins en moins utilisée. On l’a réserve en général à certaines hanches difficiles dans des mains expertes. Elle est pratiquée et enseignée principalement par l’école cochinoise.

La voie antéro externe est une voie intermédiaire entre la trochantérotomie et la voie antérieure. On accède à la hanche par le devant en relevant soit une pastille osseuse ou s’insert un muscle soit en passant entre les fibres de ce même muscle (le moyen fessier pour certain, le petit fessier pour d’autre). On l’appelle voie de Hardinge, voie de Thomine, voie de Ganz. Beaucoup de chirurgien ont mis leur nom sur cette technique.

La voie postérieure ou autrement appelée voie de Moore est la voie la plus utilisée en France et dans le monde. On accède à la hanche par derrière, au travers du muscle de la fesse (grand fessier) et après section de certains muscles pelvi-trochantériens ou muscles rotateurs externes de la hanche. Après la mise en place de la prothèse la capsule est refermée et les muscles  sont suturés.  Cette technique est simple, et donne un jour satisfaisant sur la hanche. Les difficultés techniques de la trochantérotomie et de la voie antérieure ont facilité sa diffusion.

Il existe de nombreuses variantes de ces voies qui portent le nom de ceux qui les ont popularisés : La voie de Rottinger (variante de la voie antérieure), la voie de Ganz, la voie de Thomine (variantes de la voie antéro externe), la trochantérotomie digastrique.

 

Evolution actuelle: Chirurgie Mini invasive

Actuellement se développe le concept d’abord mini invasif.

Le principe est d’être le moins agressif possible pour les muscles, les os et la peau expliquant le regain d’intérêt actuel pour les voies d’abord antérieures.

Les voies d’abord poursuivent leur histoire au gré des améliorations techniques, des publications scientifiques et des sensibilités des chirurgiens.

Sachez que la meilleure voie d’abord est celle que maitrise votre chirurgien.

 

Nos choix, notre histoire

Nous avons fait le choix de la voie antérieure car nous avons une affinité toute particulière pour cette technique. L’un des chirurgiens de l’établissement a effectué son premier stage d’étudiant en médecine chez le professeur Thierry Judet qui a su transmettre son engoument pour la technique développée par son père et son oncle.  Nous avons pratiqué la trochantérotomie pendant deux ans, la voie antéro externe de Ganz pendant 1 an et la voie postérieure pendant deux ans. Après un long apprentissage auprès des « Maîtres de la voie antérieure » nous la pratiquons et l’enseignons désormais au sein de notre établissement.